C'est un peu une tradition ici, aurais-tu deux anecdotes sur tes tournages à livrer en pâture à nos fidèles lecteurs avides de potins et de dossiers croustillants?

Sur tous les projets sur lesquels j’ai bossé, il y a toujours des histoires mémorables. Je me souviens de Frontière(s) où le producteur m’appelait quasiment tous les soirs en me menaçant de me virer parce que nos effets étaient trop trash et réalistes. Il fallait qu’on tourne les scènes en cachette pour qu’à la fin quand Europacorp a acheté le film, il nous félicite pour notre travail.

Sur LA MEUTE, le pyrotechnicien devait mettre quelque flammes sur les comédiens qu’on avait maquillés; ils devaient légèrement brûler mais les flammes étaient énormes et avec un de mes collègues on a dû les éteindre en leur jetant du sable et en leur tapant dessus car les extincteurs étaient vides. Plus récemment sur FUMER FAIT TOUSSER, c’est moi qui porte les costumes des 2 monstres; comme Quentin Dupieux recherchait un comédien d’1 m 90 je lui ai dit : « c’est ma taille, si tu veux je le fais ! » et voilà ! Un rêve de gosse.

Et (encore une tradition à la con chez nous) deux films qui ont vraiment compté pour toi.

Les 2 films qui me viennent direct à l'esprit c’est DARK CRYSTAL et THE THING. Ces 2 films sont incroyables de créativité. On sent vraiment une réelle liberté artistique !

Et je rajouterai que BRAIN DEAD c’est génial ! (ahhhhh nous aussi on adore, à quand une sortie chez nous en HD... Peter si tu nous lis; bon ok tu nous lis pas...)

Pour conclure, tu peux nous parler de "Girls with Balls" ? Nous on adore ici; alors, une suite dans les cartons? (même un petit carton rangé au fond)...

C’est marrant parce que jamais je n'aurai pensé réaliser un film un jour. En fait avec Jean Luc Cano (co-scénariste) on a écrit cette histoire pour se marrer. La première version était bien plus trash et délirante. On a très vite compris que ça allait être compliqué d’en faire quelque chose et on a fini par ranger le scénario dans un tiroir. Un jour Jean Luc m’appelle pour rencontrer un jeune prod qui nous achète l’histoire une bouchée de pain mais comme on y croyait moyen on était déjà contents. Puis on s’est battu, on a galéré, retouché l’histoire 40000 fois pour faire plaisir à tout le monde. Un nouveau prod est arrivé, Jérôme Vidal, qui a trouvé une solution de tournage en Espagne avec moins de temps et moins d’argent mais on s’est dit: "Fuck on le fait !". L'équipe qu'on a dégottée était incroyable, des comédiennes et comédiens hyper généreux. On a arraché le film avec pour seul but faire marrer les gens et surtout ne pas les rendre plus intelligent! Et voilà, un maximum de sincérité et de générosité. Sauf que le distributeur nous a planté, et qu’on a mis presque 2 ans pour récupérer tous les rushs. On a finalement réussi à finir. Le film était sélectionné dans tous les festivals partout dans le monde; moi j’étais heureux parce que c’est vraiment un film fait pour ça, à voir avec des gens qui crient, se marrent, entre potes… Un film où tu t’avales des bières et tu t’empiffres de pizza en ricanant comme un débile. Puis il a été présenté à l’AFM (American Film Market) et Netflix USA l’a acheté. C’est cool parce que l’impact d’une plateforme est énorme sur un film. Plusieurs millions de personnes ont pu le voir et m ‘envoyer de supers messages (ou me traiter comme de la merde ! Aha ha). J’adore l’idée que le film divise. Surtout que c’est un film sans prétention alors lire les messages de haineux c’est souvent plus drôle que le film lui même ! Je reçois régulièrement des message de fans qui nous demandent une suite, malheureusement ça ne dépend pas de moi (Mais en gros le début de GWB2 se passe en prison car Jeanne a balancé son mec par la fenêtre...). En attendant j’ai un autre projet qui s’appelle JUNK FOOD dans la veine d’un BRAIN DEAD que j’aimerai réaliser... Mais c’est toujours aussi compliqué.