Oeuvre trop peu connue à mon goût, ce « Dead of Night » de Bob Clark (qui réalisera un « Black Christmas » de haute volée) est pourtant une sacrée réussite. Richard Backus porte ce personnage froid, sans aucune émotion, déjà mort en fait. Une victime de cette guerre qui a tant meurtri les Etats-Unis. Car oui, on peut dire qu’il y a plusieurs niveaux de visionnage de ce petit film d’horreur en apparence assez classique. Clark passe d’un drame social (il n’y a pas que le protagoniste principal qui se putréfie, les liens familiaux aussi pourrissent à vue d’oeil) à la dénonciation des traumas subis par les jeunes soldats au Vietnam. Cette guerre aura détruit des familles entières mais aussi des individus et c’est là que le parallèle avec le monstre du film est le plus frappant. Car oui, il s’agit bien d’un monstre dont on parle; un cadavre ambulant se nourrissant du sang des vivants (le mythe du vampire n’est pas loin) magnifiquement maquillé par un Tom Savini officiant alors sur son premier grand film. Il est implacable, sans pitié même et massacre littéralement ses victimes. L’ambiance est crasseuse, poisseuse (aidée en plus par une lumière aussi froide que le zombie du titre) et encore une fois Backus y participe énormément (certaines de ses apparitions glacent véritablement le sang). Un classique donc, qui mérite d’être revu et surtout ré-évalué.

Un film froid, dont on peine à sentir le pouls mais qui ne fait faire qu’un tour au sang de l’amateur d’horreur que je suis (les séquences de balancier avec le Rocking Chair font froid dans le dos). Cette oeuvre de Bob Clark est donc à revoir de toute urgence, élevant le sujet du Vietnam au rang qu’il mérite et dénonçant au passage les dégâts collatéraux qu’il a pu engendrer. Un classique de l’horreur selon moi.